les caches


Une racine et une sous-berge, un abris idéal pour les poissons
Une racine et une sous-berge, un abris idéal pour les poissons

Les abris, que l'on appelle plus couramment des caches,  sont primordiaux pour les poissons.

 

En effet, ils ne sont pas situés en haut de la chaîne alimentaire et doivent donc répondre à un objectif vital : MANGER SANS ÊTRE MANGE. Ainsi, ils cherchent à se protéger de leurs prédateurs en se camouflant (mimétisme de la robe), en s'abritant.

 

Se protéger des prédateurs

Regardez cette expérience américaine très parlante avec des black-bass (cette espèce a un comportement identique à la truite pour la recherche d'abris) :

On place les black-bass dans une condition d’habitat extrême : un bac rond à fond blanc et luminosité forte. Les poissons s’agitent et ont un stress élevé.

En peignant une seule bande noire sur un des flancs du bac, les poissons se regroupent à proximité, mais restent stressés car la protection reste toujours mauvaise.


On place des pierres et des galets dans le fond du bac : les poissons se regroupent dessus pour s'abriter des prédateurs par mimétisme. Les poissons sont toujours légèrement stressés.

On place une planche sur le bac qui créé une zone d'ombre. Les poissons se regroupent sous la planche et ne bougent plus. C'est la meilleure protection pour eux


Chaque espèce a sa stratégie de protection : le vairon, par exemple cherche à se protéger de son principal prédateur la truite en se regroupant en bancs. La loche franche et le chabot passent le plus clair de leur temps enfouis sous les pierres et les cailloux.

L'utilisation d'habitats différents durant le jour, durant la vie

Manger pour grandir, mais sans être manger : voilà le défit de nos espèces dans un cours d'eau. Pour cela elles vont devoir utiliser des zones du ruisseau où la nourriture est présente mais où un abri est à proximité. Cette utilisation de l'habitat pour la croissance varie entre chaque espèce et varie également en fonction de l'âge.

L'espace utilisé pour grandir peut varier géographiquement, du bassin versant (un poisson va choisir tel ou tel ruisseau car il y a plus de nourriture par exemple) jusqu'au micro-habitat (zone profonde ou radier à quelques mètres de distance).

Comme tous les pêcheurs le savent (les fameux coups du matin et coups du soir), l'activité des poissons varie durant la journée. Ils ne se nourrissent pas en permanence et ils doivent se déplacer en fonction de l'apport de nourriture et de la présence de prédateurs. Regardez cette expérience de 1994, où l'on a mesuré le placement des poissons dans la rivière :

Le jour, il y a plus de nourriture apportée par le courant et les poissons voient mieux donc il est plus facile de capturer les proies pour grossir. A l'inverse, la nuit, durant le repos, les individus se rapprochent de la berge pour s'abriter.

La truite, elle va avoir des abris différents selon les périodes de sa vie. Lorsqu'elle est au stade d'alevin, elle se rapproche près des berges, dans des zones de faible courant.  Dans sa première année, elle affectionne particulièrement les zones de végétation aquatique (à proximité des radiers) où elle va se cacher à la moindre alerte. Plus elle va grandir et plus elle va chercher à obtenir un abri qui la protège des regards extérieurs c'est à dire de ses prédateurs que sont l'Homme, le héron et loutre. En vieillissant, elle va plutôt chercher des zones profondes à l'abri de la lumière (des blocs, des racines, des sous-berges). Ceci est connu du pêcheur qui fréquente les berges. Mais ce qui l'est moins, c'est l'importance que peut avoir la quantité d'abris dans un cours d'eau sur le nombre de truites présentes.

Plus de caches = plus de poissons

Par exemple, pour des alevins de truite, ils ne vont pas utiliser l'habitat de la même manière si les cailloux au fond sont différents. Regardez cette expérience de 1958 :

Maintenant, on rajoute des plus grosses pierres dans le fond de ce ruisseau test :

Ainsi le changement des pierres au fond du lit a changé le nombre d'alevins présents !


Prenons un autre exemple pour les truites adultes :

Sur 1 km d'une rivière de 5 m de large, si on diminue de 25m² à 5 m² la surface en abris, on divise par 10 les densités de truites

Une végétation de berge abondante, des blocs, des racines, des radiers, des courants, la Corrèze présente l'habitat nécessaire à la bonne santé des populations de poissons
Une végétation de berge abondante, des blocs, des racines, des radiers, des courants, la Corrèze présente l'habitat nécessaire à la bonne santé des populations de poissons

Ce constat nous a donc conduit a modifié les pratiques de l'AAPPMA en termes de travaux. Là où durant les années 90, les berges étaient systématiquement "nettoyées" à la tronçonneuse ou la débroussailleuse, nous avons décidé de protéger les encombres présents, de ne plus supprimer systématiquement les souches et racines en berge et de laisser un couvert végétal suffisant.

Nous protégeons ainsi les "HLM" à truites comme nous aimons à les appeler.


En synthèse, plus l'habitat piscicole est diversifié et plus on trouvera un peuplement de poissons de qualité.